Commencer une sculpture peut être quelques fois un sacré challenge, après l’enthousiasme de l’idée du début et l’envie de mettre les mains dans la terre, vienne rapidement, les petites questions insidieuses de manque de confiance en soi, comme ; je n’y arriverai jamais, c’est trop compliqué, je n’ai jamais fait ce genre de modelage et si j’échoue ?…vous savez ce petit travail de sape dont nous somme tous affublés depuis notre enfance et qui nous freine régulièrement dans tout ce que l’on entreprend.
C’est pour cela que j’ai eu l’idée de vous écrire ce mode d’emploi pour vous accompagner dans les étapes principales.
Vous trouverez ci-dessus une sorte de « recette » pour réussir votre sculpture, bien sûr, vous devrez l’adapter en fonction de la complexité de votre futur projet, mais c’est déjà une bonne base pour ne pas vous tromper dans l’ordre des étapes.
Si vous arrivez sur ce blog pour la première fois, vous serez peut-être intéressés par mon livre « Réussir ma première sculpture facilement » dans lequel je vous donne toutes les bases pour réaliser et réussir vos modelages dans la terre. Pour le télécharger gratuitement cliquez ici.
Pourquoi anticiper la création d’une sculpture est une bonne idée ?
Parce que dans n’importe quels domaines, l’anticipation et la réflexion est toujours payante, en particulier avec la sculpture de l’argile qui demande autant de technique que de lâcher-prise artistique.
Avant de commencer, je vous conseille de prendre quelques notes et d’esquisser avec des traits simples vos idées sur un petit cahier, ce ne sont pas des dessins aboutis, mais simplement une façon de canaliser vos idées. Cela peut vous paraître superflu, mais vous serez content d’y revenir pour retrouverez votre impulsion de départ.
Une fois vos croquis réalisés, posez-vous honnêtement la question, suis-je capable de réaliser ce projet ? En répondant clairement, vous échapperez à d’éventuelles déconvenues qui pourraient vous décourager et freiner votre apprentissage, peut-être avez-vous besoin de vous former un peu plus avant d’entamer votre projet.
Pourquoi pas faire des essais, la terre demande cette humilité, vous avez grandi dans un univers en deux dimensions, avec la télévision, les écrans, les livres, les cahiers…Modeler en trois dimensions demande un temps d’adaptation à votre cerveau, ce n’est pas inné.
Listez tout ce qui pourrait vous faire échouer, lorsque l’on connaît son ennemi, il est plus facile de le maîtriser.
La réussite d’une sculpture ne tient pas au hasard
Même si dans l’art en général, il est commun de penser que le ciel s’ouvre et que par une sorte de magie une œuvre apparaît, je vous rappelle que les plus grands artistes sont aussi des travailleurs acharnés, le hasard peut quelques fois faire bien les choses mais c’est votre opiniâtreté qui fera toute la différence.
C’est malheureusement un biais de notre époque qui nous fait croire que tout est facile et accessible, heureusement la terre nous ramène très vite à la réalité et à l’humilité.
Tout action dans la matière commence d’abord dans l’esprit
Une fois que vous vous êtes bien préparé mentalement vous allez passer au concret en préparant votre matériel. Si vous sculptez depuis un petit moment, vous avez déjà ce qu’il vous faut, mais en fonction de votre sujet, il faudra peut-être ajouter du matériel spécifique, comme par exemple une potence si votre personnage est debout où un rouleau en bois pour un travail à la plaque.
Si vous débutez, prenez la trousse de potier que l’on trouve facilement sur internet et dans les magasins de loisirs créatifs, c’est une très bonne base pour démarrer.
Après le matériel, choisissez votre terre, ce choix est important, car il va déterminer le résultat final, une terre lisse (argile à cuire ou argile sans cuisson) donnera une œuvre précise dans les petits détails, alors qu’une argile chamottée (petits grains) apportera un côté brut qui est aussi très intéressant, simplement, vous devrez adapter votre modelage à ce choix, d’où l’intérêt de la préparation en amont.
Une partie qui est aussi souvent négligée et celle des finitions, l’erreur commune est d’y penser une fois que votre sculpture est terminée, alors qu’elle fait complètement partie du processus créatif.
Regardez cet exemple sur une de mes œuvres patinée à la cire, je l’ai conçu afin d’avoir un espace libre pour effectuer les motifs.
Si vous n’avez pas un espace dédié, mais un petit coin dans votre salon ou votre cuisine, prenez soin de le délimiter au moins virtuellement, et si possible de sculpter seule. Le modelage demande de l’attention et les premières étapes sont loin de ressembler à ce que vous souhaitez, en particulier sur les visages, une critique même constructive d’un proche peut vous décourager.
Si vous êtes dans un atelier ou une association, le contexte est différent car les personnes autour de vous sculptent aussi et leurs aides peut être précieuses.
Mode d’emploi 8 séances
Evidemment, le nombre de séances sera déterminant en fonction de la complexité de votre projet.
Première séance
Installez votre espace créatif, vous devez avoir devant vous, vos petits croquis avec vos notes et réflexions, votre matériel, outils + terre et le temps imparti à la séance. C’est important, car par exemple, si vous avez seulement une heure devant vous, vous ne pouvez pas commencer un vidage.
Les premiers gestes sont le temps de l’ébauche, afin de ne pas être bloqué par l’image mentale du résultat final qui peut d’ailleurs être complètement différente.
Commencez toujours votre sculpture avec les formes géométriques les plus simples, carré, cône, rond, cylindre…cette façon de procéder va permettre de rassurer votre cerveau avec des volumes qu’il connaît depuis toujours et créer une sorte de base facile pour la suite.
Ces premiers gestes sont importants, car ils vous apportent de la confiance, en effet le passage à l’action rassure le cerveau, même si vous êtes loin du résultat final, au moins vous avez commencé.
Fin de la première séance, nettoyage du matériel et du plan de travail, pour recommencer avec un espace et des outils propres.
Mise sous plastique de votre modelage.
Prenez quelques notes su
Deuxième séance
En fonction de votre modèle, vous aurez plus ou moins avancé, une tête à taille réelle vous demandera plus de temps que la création d’un petit chat, c’est évident.
Vous allez doucement vous rapprocher de votre projet de base, et en même temps faire confiance à la terre qui peut vous orienter vers d’autres formes, d’autres idées, c’est tout l’intérêt de cette danse entre l’esprit, vos mains et la matière.
Votre œuvre commence à être plus aboutie, même si vous êtes encore loin du résultat final.
Prenez quelques notes à la fin de cette séance qui peut être moins spectaculaire que la première et quelques fois décourageante. C’est là où vous devez penser à votre élan de départ et pourquoi vous avez commencé.
Nettoyage et protection sous plastique.
Troisième séance
L’argile commence à sécher, l’air ambiant et le touché répétitif de vos mains absorbe l’humidité, la matière devient moins malléable, c’est le processus normal, pour pouvoir continuer de jouer avec la plasticité de la terre, vaporisez régulièrement ou passez une éponge essorée sur la surface.
Cette étape est celle où la terre se fige, vous pouvez de moins en moins déplacer les formes générales, par contre vous pouvez encore ajouter des volumes même importants.
En fin de séance, quand la terre devient plus sèche, vous devez ajouter des chiffons très essorés sous la protection plastique.
Si vos moments créatifs sont espacées plus d’une semaine, surveillez votre pièce si c’est possible.
Nettoyage des supports et outils et prenez quelques notes que vous serez content de relire la prochaine fois.
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Quatrième séance
A ce stade, votre modelage est bien avancé, les formes sont en principe toutes ajoutées, c’est le moment du vidage. Vous devez le faire avant de sculpter les détails et quand la sculpture est capable de garder sa mémoire de forme, assez dure en surface et suffisamment tendre à l’intérieur afin de pouvoir retirer la terre.
Attention tout vidage commencé doit être terminé dans la même séance. La façon d’ouvrir va dépendre de la forme de votre sculpture, sur une pièce complexe, vous serez certainement obligé de couper à plusieurs endroits. N’ayez aucune crainte, car à ce stade tout peut être réparé.
Retrouvez ma vidéo pour réussir votre vidage, ce n’est pas compliqué, il faut juste respecter quelques règles, je vous explique tout dans ce cours.
Attendez la séance suivante pour continuer votre modelage.
Rangez et nettoyez vos outils, notez peut-être de nouvelles idées ou des blocages éventuels, n’hésitez pas à m’écrire, je vous aiderai avec plaisir.
Cinquième séance
Il est temps de travailler tous les détails, l’argile devient de plus en plus sèche, mais comme vous avez pris soin de l’humidifier au fur et à mesure, vous pouvez encore faire des petits ajouts, l’essentiel est que ceux-ci soient dans le même taux d’humidité que la surface.
En effet, si vous collez une argile humide sur une argile sèche, celle-ci va vampiriser l’eau contenue dans la première et provoquer des décollements.
Faites les corrections nécessaires en prenant du recul ou en utilisant un miroir. Au fil du temps, votre cerveau s’habitue et vous n’êtes plus capable de voir les défauts, il faut que vous changiez de focus.
Sixième séance
La terre a maintenant une consistance que l’on appelle « cuir », cet aspect qui est juste avant l’évaporation finale et vraiment intéressante pour les finitions précises, en particulier pour les mains, les visages et les plis d’un drapé. Il est un peu tard pour ajouter de la matière, mais vous pouvez quand même essayer en mélangeant votre argile avec du vinaigre blanc, celui-ci va grignoter la surface et permettre l’accroche.
Votre sculpture est terminée, mais ce n’est pas pour autant que vous devez l’abandonner dans un coin. Je vous conseille de lire mon article sur l’importance du séchage. Laissez-là sécher plusieurs semaines cela va dépendre de sa taille et de sa forme, une pièce allongée séchera plus vite qu’une forme massive. Commencez 15 jours sous plastique, puis encore quelques semaines à l’air libre sans soleil ni vent.
Septième séance
La terre est devenue très friable (sauf si vous avez utilisé de l’argile sans cuisson, qui contient de la résine) vous devez faire très attention en la manipulant, c’est aussi le moment où vous pouvez effectuer un petit ponçage, pour cela, utilisez un papier de verre très fin et faites des gestes circulaires.
Il vous reste la cuisson en biscuit (980°), qui doit se faire dans un four de potier pendant 24h, 12h de montée en température et 12h de refroidissement.
Huitième séance
Il est temps « d’habiller » votre terre, pour cela vous avez de nombreuses possibilités, l’émaillage, la peinture (un peu trop plastique comme rendu), le raku… Mais la technique que j’affectionne depuis plusieurs années est la patine à la cire et aux pigments qui offrent d’infinies possibilités. Voir le cours en cliquant ici.
C’est un vrai plaisir de voir comment elle sublime une œuvre et la protège dans le temps.
Votre voyage créatif touche à sa fin, vous avez devant vous l’œuvre que vous avez imaginé ou très probablement quelque chose de très différent, peu importe, c’est tout l’intérêt de la création artistique, ce doux mélange entre l’intention de départ et les jolies découvertes tout au long du chemin.
J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à me laisser un commentaire juste en dessous sur votre expérience personnelle.
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