Sculptez l’argile, c’est génial, mais une fois que votre sculpture est terminée et sèche vient se poser la question de la cuisson. Tout le monde n’a pas une association ou un atelier qui accepte de cuire vos sculptures et encore moins un four de potier chez soi.

Une fois que l’argile est sèche, elle devient extrêmement fragile et peut même s’effriter à la longue, en particulier s’il y a des parties toutes fines.

Comment garder une sculpture dans le temps ?

Cuisson au four de potier ; la solution idéale.

afin d’obtenir de la solidité et la pérennité dans le temps, votre argile doit se transformer grâce à la cuisson que l’on appelle « biscuit », le four monte environ à 950° pendant 12 heures et il faut encore 12 heures de refroidissement. C’est après cette étape, que votre sculpture devient très dure et peut se garder indéfiniment.

L’argile sans cuisson ; intéressante mais onéreuse.

Cette terre contient un durcisseur qui en séchant remplace la cuisson, c’est une solution intéressante, mais qui est plus onéreuse que la terre naturelle et surtout beaucoup moins agréable à modeler, il faut la travailler assez vite pour éviter qu’elle sèche. (voir l’article sur comment sculpter l’argile sans cuisson)

L’huile de lin ; méthode longue mais efficace.

Après des mois d’expérimentation, je peux enfin vous partager mon avis, cette technique a un défaut, elle est très très longue et demande donc de la patiente, mais c’est une solution acceptable pour palier au manque de four. le côté positif, c’est que vous pouvez l’utiliser sur toutes sortes de terres, le grès, la faïence et même la porcelaine.

Plus tard si vous en avez l’occasion, vous pourrez quand même cuire votre sculpture imprégnée d’huile, je l’ai testé, ça marche.

L’huile de lin : la bonne méthode

Comme toute recette vous devez avoir les bons ingrédients, il y a deux sortes d’huile de lin, la plus courante, qui a une teinte très jaune et celle cuite qui est incolore. Pour rappel, ces huiles sont complètement naturelles et sentent bon. Vous les trouvez facilement dans les magasins de bricolage, la première est nettement moins chère.

Si vous utilisez la première, je vous conseille de la faire décanter plusieurs semaines au soleil, afin de la rendre incolore. Vous pouvez voir le résultat sur la photo ci-dessous, si vous êtes pressé, dans ce cas achetez l’huile de lin déjà cuite et incolore.

Concernant le matériel, vous avez besoin, de pinceaux brosses, prenez-les de différentes tailles pour bien imprégner chaque partie de votre sculpture, d’un récipient comme une assiette pour mettre votre huile, conservez la majorité dans un bocal et d’un siccatif (genre térébenthine).

L’huile de lin : deux inconvénients

Si vous commencez cette méthode, vous devez accepter deux choses, la première ; elle est très longue, car l’huile de lin met du temps à sécher, sauf si vous ajoutez un peu de siccatif, n’en abusez pas pour ne pas trop diluer le produit, car le but de cette opération est de saturer l’argile jusqu’à plus soif. C’est la superposition des couches d’huile qui va durcir la terre et la rendre moins poreuse et friable. La bonne nouvelle est que plus l’huile vieillit plus elle durcit, ce qui veut dire que votre sculpture sera plus protégée au fil du temps. 

La deuxième ; votre terre va foncer, suivant la couleur de base, elle passera du marron clair, marron foncé, bordeaux …au fur et à mesure des accumulations du produit, je vous montrerais plus loin comment corriger ce problème.

L’huile de lin : la recette par saturation

Normalement, vous avez devant vous votre sculpture, complètement sèche et donc très friable, vous allez commencer par passer une première couche diluée avec un peu de siccatif (térébenthine), avec votre pinceau brosse, faites des gestes croisés pour bien imbiber la surface, il est inutile d’en mettre trop, car plus vous en mettez, plus le séchage sera long. La terre est poreuse, l’huile va petit à petit obstruer les trous de surface.

Au bout de quelques jours, elle ne doit plus coller aux doigts, continuez ce processus, en diminuant le pourcentage de siccatif, il faut compter environ une vingtaine d’applications pour obtenir une terre avec une dureté satisfaisante.

Vous devez saturer la matière de façon régulière, le produit va être très vite absorbé dans les premières couches, puis de moins en moins, jusqu’au rejet.

Le séchage sera plus ou moins long en fonction de la taille et de l’épaisseur de votre œuvre, de la saison, de la chaleur et de l’humidité de la pièce. C’est le processus d’évaporation de l’eau contenue dans l’huile qui va faire durcir celle-ci.

Vous pouvez voir que l’huile colore tout de suite la terre.

N’oubliez pas si c’est possible de badigeonner l’intérieur, cela augmentera la solidité. 

Voici le rendu après une vingtaine de couches et après 4 mois de séchage (oui, je sais, c’est long), l’argile est stabilisée, en surface, elle est presque comme une terre cuite, seule la couleur pose problème.

C’est pour cela que j’ai continué mes tests, en faisant une patine pigment blanc qui va offrir une base neutre pour n’importe quelles teintes, je craignais que la cire et les pigments ne tiennent pas, car la surface est nettement moins poreuse, mais le résultat est bon, il faut juste de nouveau respecter les temps de séchage, comme je l’explique dans mon cours sur les patines.

Les principaux points à retenir avec la méthode à l’huile de lin

– L’huile de lin est naturellement jaune, il en existe de l’incolore, mais elle est plus onéreuse.

– Vous allez pouvoir garder vos sculptures même sans cuisson.

– C’est une méthode assez longue, il va falloir vous armer de patience.

Vous devez respecter le temps de séchage entre chaque application, sinon votre sculpture va coller.

– L’huile va colorer l’argile en le fonçant, mais vous pourrez faire une patine à la cire pour l’éclaircir.

– Plus l’huile sèche, plus l’argile devient dure au fil du temps.

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Pour résumer, c’est une très bonne solution quand vous n’avez pas de four à disposition. Elle va vous permettre d’utiliser toutes sortes de terres, sans les inconvénients de l’argile sans cuisson, une fois votre huile bien sèche, vous pourrez faire la patine que vous souhaitez, il faut juste ne pas être trop pressé.

Réservez-là pour les objets de décorations, pas question de l’employer dans de la vaisselle alimentaire où en contact avec l’eau.